La "marche des rois" à Aramon

Rien à voir bien sûr avec de quelconques rois qui seraient venus arpenter les étroites ruelles du beau village d’Aramon. Nous parlons là d’un cantique spirituel régulièrement chanté dans les Noëls provençaux. Les paroles de ce cantique sont l’œuvre de Joseph-François Domergue (1691-1729), curé d’Aramon au début du XVIIIème siècle, la musique aurait été empruntée à la « marche de Turenne » de Lulli. Cette marche des rois date de 1721 mais elle n’aurait fait partie intégrante des chants de noël en Provence qu’à partir de 1768. Je ne vais évidemment pas vous la chanter mais vous en rappeler les paroles :

De bon matin, j'ai rencontré le train
De trois grands Rois qui allaient en voyage
De bon matin, j'ai rencontré le train
De trois grands Rois dessus le grand chemin.
 
Venaient d'abord Des gardes du corps,
Des gens armés avec trente petits pages,
Venaient d'abord Des gardes du corps,
Des gens armés dessus leurs justaucorps.
 
Puis sur un char doré de toutes parts,
On voit trois Rois modestes comme des anges,
Puis sur un char doré de toutes parts,
Trois Rois debout parmi les étendards.
 
L'étoile luit Et les Rois conduit
Par longs chemins devant une pauvre étable,
L'étoile luit Et les Rois conduit
Par longs chemins devant l'humble réduit.
 
Au Fils de Dieu qui naquit en ce lieu
Ils viennent tous présenter leurs hommages,
Au Fils de Dieu qui naquit en ce lieu
Ils viennent tous présenter leurs doux vœux.
 
De beaux présents, or, myrrhe et encens,
Ils vont offrir au maître tant aimable,
De beaux présents, or, myrrhe et encens,
Ils vont offrir au bienheureux enfant.

Il s’agit là de la traduction française, moins chantante hélas que l’original en provençal écrit par le curé. Le cantique raconte l’arrivée des Rois Mages à Bethléem. Les paroles sont accompagnées par la musique d’une marche militaire scandée par des fifres et tambourins.
Paroles et musique ont été reprises dans » l’Arlésienne », un drame écrit par Alphonse Daudet sur une partition de Georges Bizet, et c’est ainsi que nous retrouvons un peu de l’esprit d’un obscur curé aramonais dans un célèbre drame musical et dans la magie des Noëls de Provence.