Les yéyés à Canaules

Publié le 15 Juin 2018

L’époque des yéyés c’était le bon temps des années 60, le temps de l'idole des jeunes, le temps d’une musique nouvelle qui ringardisait toutes les générations précédentes, le temps d’une émancipation historique de la jeunesse, le creuset d’un véritable changement d’époque et d'une civilisation nouvelle plus tournée vers la liberté et la joie de vivre que vers l'obéissance aveugle à des principes d’un autre temps.
Et les chanteurs yéyés c'est chaque année à Canaules qu'il fallait aller les voir. Oui à Canaules, un village de 330 habitants !
Dans un terrain vague derrière l'école communale, les soirs d'été, les plateaux proposés feraient aujourd'hui pâlir d’envie la plupart des producteurs. Imaginez ! De Johnny Halliday en 1961, il avait 18 ans à l'époque, à Daniel Guichard en 1976, se sont produits à Canaules les artistes les plus célèbres : Charles Aznavour, Serge Lama, Jacques Brel, Claude François, Mireille Mathieu, Mouloudji, Michel Sardou, Hervé Vilar, Françoise Hardy et tant d'autres. Les « Fêtes de la Pleine Lune », organisées par Pierre-Albert Clément, le fils de l'instituteur, sans aucun moyen financier, sous le couvert de l’équipe de foot locale dont il était le président, c'était l'«Olympia des Cévennes ».
Juste pour l'anecdote, c'est à Canaules que le 6 juin 1960 Johnny a signé son premier contrat professionnel, contrat sans aucune valeur d'ailleurs car l'artiste était encore mineur. J'allais oublier les prix d’entrée, de 5 à 8 francs ! Mais enfin c’est pas possible. Mais si ! Le jour du concert, Johnny arrive un peu en retard comme d'habitude, dans une Triumph décapotable, eh oui déjà, se change dans les douches municipales et monte sur scène dans un costume rose foncé. Pas de débordements ni de problème ce jour-là, juste un léger malaise pour l'idole et un spectateur qui lui a jeté des pommes. Heureusement d'ailleurs car la sécurité était assurée par le seul garde-champêtre de la commune. Autre temps, autres mœurs.
Sans être passéiste, loin de moi cette abomination, franchement aujourd'hui, pour écouter un chanteur, il faut des dizaines de camions, une salle de spectacle aux dernières normes, une compagnie de CRS, un hôpital de campagne, une flopée de techniciens, un hélicoptère pour amener l'idole au 5 étoiles le plus proche, quinze producteurs et dix-huit chaînes de télé, assez d’électricité pour alimenter une petite ville, un éclairage à faire pâlir le soleil lui-même, et surtout assez de pognon pour nourrir un pays africain tout entier. Juste pour quelques chansons !
Putain où on va ?

 

Rédigé par Espéluques

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