L'ermite de la Sainte-Baume de Lirac

Publié le 6 Janvier 2019

Le site de la Ste-Baume de Lirac

L’érémitisme, c’est à dire la vie en ermite, voilà une pratique fort répandue dans l’histoire de la chrétienté. Il faut dire que la religion chrétienne est une religion de pénitence permanente, et quand le martyre à commencé à décliner, devenir ermite s’est avéré un excellent succédané, certes moins dangereux, mais tout aussi sain. Avec des hauts et des bas le phénomène a accompagné la pratique religieuse jusqu'à aujourd'hui, puisqu'il y aurait encore 200 à 300 ermites en France. Dans le Gard certains ont marqué de leur nom l’histoire de notre département comme St Gilles et St Vérédème. L’ermite de la Sainte-Baume de Lirac est un peu particulier dans la mesure où il n’est pas un religieux.

Nous sommes le 16 mai 1647. Joseph Queyranne travaille comme chaufournier avec cinq camarades. Surpris par la pluie et l’orage, ils se réfugient dans la Grande Baume. Ses amis s’étant endormis, Queyranne, qui était épileptique et sentant une crise venir, fait les cent pas dans la baume. C’est alors qu’à la lueur d’un éclair il aperçoit dans un petit trou du rocher une statue de la Sainte-Vierge en marbre. Il la prend, la cache dans sa besace et l’emporte chez lui. Il la garde pendant trois jours sans rien dire, puis avoue sa découverte à son frère aîné, qui le dit au prieur, qui vient récupérer la statue pour la porter à l’église. Prévenu de la trouvaille miraculeuse, l’évêque d’Avignon ordonne la création d’une chapelle dans la baume. Le 14 juillet de la même année Notre-Dame-de-Consolation vient de naître.

Mais le véritable miracle c’est que l’épilepsie de Joseph Queyranne a disparu. La nouvelle se répand rapidement et de nombreux croyants viennent en pèlerinage implorer la rémission des malades. Plusieurs cas de guérisons miraculeuses sont enregistrés. Et notre chaufournier, pour remercier le seigneur, décide d’aller vivre en ermite à perpétuité à la Saint-Baume. Mais quelques temps plus tard l'anachorète commence à souffrir de la solitude. De temps à autre il sonne la cloche pour appeler les travailleurs des environs à venir tailler une petite bavette. Puis découragé et trouvant que perpétuité c’est trop long il rentre chez lui. L’ermite a un peu présumé de la force de sa foi. Sa guérison aussi fait long feu puisque trois ans après ce douloureux épisode il meurt des suites de son épilepsie.

Mais l’Eglise ne lâche pas prise, elle tient à son lieu saint. Pour compenser le vœu qui n’a pas été tenu, la paroisse décide d’un pèlerinage trois fois par an. Pour ces circonstances, la statuette, qui provient peut-être d’une ancienne chapelle du site de la Baume et qui avait probablement été cachée là à cause des guerres de religion, est portée en procession de l’église à l’ermitage. A la suite de Queyranne d’autres ermites viendront vivre à la Sainte-Baume de Lirac. Ils vivent des légumes et des fruits d’un petit jardinet, du travail d’une vigne et d’une olivette offertes par des particuliers, ainsi que de la générosité des fidèles. Ils donnent de leur temps en soignant les malades qui viennent les visiter. Le dernier reclus abandonnera l’ermitage en 1905.

Aujourd'hui le pèlerinage du 14 juillet est abandonné mais ceux du lundi de Pâques et du 15 août continuent de drainer de nombreux fidèles.

Rédigé par Jacky SERODY

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