Les diableries de Vauvert

Publié le 16 Décembre 2018

Maintenant, les corbillards à tombeau grand ouvert
Emportent les trépassés jusqu'au diable vauvert.

(Georges Brassens, « les funérailles d’antan », 1960)

Au diable vauvert, c’est loin, très très loin. Mais elle vient d'où cette expression, de Vauvert ? Le Vauvert du Gard ? Trois versions s'affrontent.

Dans la première, à Vauvert au moyen-âge, l'église de Notre-Dame de la Vallée Verte était le lieu d'un des pèlerinages les plus courus de France. Et pour amuser le public on y faisait des diableries, sortes de mystères théâtralisés faisant intervenir Satan. L'église de la Vallée Verte accueille nombre de célébrités : Saint-Louis, le pape Clément V, Guillaume de Nogaret,…

En 1326 le roi Charles IV le Bel, après avoir battu les flamands, oblige certains à faire des pèlerinages. C'est ainsi qu'une centaine d'entre eux est envoyée à St Gilles et à Vauvert. Les flamands, impressionnés par les « diableries » données sur le parvis de l’église, auraient parlé à leur retour du diable de Vauvert comme de représentations fantastiques mais fort lointaines, « au diable vauvert » donc.

Il existe une deuxième version qui se passe aussi à Vauvert. Etape importante sur le chemin de St Jacques de Compostelle, beaucoup de pèlerins passaient par Vauvert et ses marécages, nombreux à l'époque. Et comme on pensait que les marais étaient des portes vers l’Enfer, on aurait dit « va au diable vauvert » pour « va en enfer ». Interprétation un peu tirée par les cheveux d’autant qu’alors Vauvert ne s’appelait pas Vauvert mais Posquières !

La troisième version n'a rien à voir avec notre Vauvert, mais c’est hélas la préférée des historiens. Au XIème siècle, le roi Robert le Pieux décide d’établir sa résidence près de Paris dans un vallon planté de vigne appelé le vauvert (le val vert). C’est aujourd'hui le Jardin du Luxembourg. A la mort du roi le site est abandonné et devient un lieu mal famé. Le château de Vauvert est une véritable cour des miracles. On en conclut que ce lieu est maléfique, ce qui donnera naissance à « aller au diable Vauvert ». On dit aussi que le roi aurait mené une vie de débauche à Vauvert et se serait livré à des actes sacrilèges, ce qui a pu faire croire que le château était habité par le diable.

Alors Vauvert ? Pas Vauvert ? Je donne ma langue au diable !

Rédigé par Jacky SERODY

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